Michael MICHLMAYR - INTERVALLES

J’aime beaucoup le cinéma et la notion de temps qu’il véhicule. L’idée de la séquence photographique m’a donc très vite interpellé car elle seule pouvait être porteuse de cette temporalité relative. Aujourd’hui je peux dire que ma photographie est en fait très proche du film, peut-être à la frontière entre la photographie et le cinéma. Je vois quelques-unes de mes images comme des petits films fixes, comme un court métrage sans interruption.
Le panorama a toujours eu sa place dans les arts graphiques. J’aime bien cette ambiguïté ludique entretenue par ces faux panoramiques mais il est exact que cela exige un effort d’attention de la part du regardeur afin qu’il puisse découvrir la raison même de cette image, son sens véritable, et finalement mon intention ou ma supercherie... Contrairement au vrai panoramique qui en général se perçoit immédiatement dans sa globalité mon travail se découvre lentement, subtilement, par le petit détail qui, répété, fait sens. J’invite donc les regardeurs, voire les sceptiques ou les blasés, à se rapprocher... pour me questionner.

Extrait de Un instant d’égarement, entretien avec MICHAEL MICHLMAYR, par Raymond Viallon, paru dans la revue Bibliothèques n°33, juillet 2007



 
Technique
Photographie, séquences photographiques avec insertion de video...
Texte
CV-Resume
www.michaelmichlmayr.at
Autres séries
INTERVALLES
Variables de 50x60 cm à 150x130 cm

Mots-clé associés
couleur, numérique, temporalité, fantastique, humour, illusion, représentation, temps






 

Dans le travail de Michael Michmayr se confrontent différentes structures de réalité qui modifient profondément notre perception du temps et de l'espace à travers les images. Dans sa série  « Travaux en cours- Espaces temps »  (Time Spaces) il traite avant tout de l’espace urbain, des scénarios du quotidien et des actions qui s’y déroulent. ??

Le dossier de Presse est ICI



 

Dans ce but il peut photographier, d’un point de vue unique et fixe, des gens sur une place, sur un escalier roulant « Escalator III, 2011 » ou des voitures circulant dans une rue « Circulation, 2018 ». Les différentes scènes photographiées sont ensuite assemblées sur ordinateur pour former, en finalité un seul tableau, La photographie. La juxtaposition de différents lieux et différents espaces-temps au sein d'une même image crée un effet de simultanéité. Mais si on prend son temps, on découvre que des gens et des choses surgissent de manière répétée dans des attitudes ou positions différentes. Les photographies de ces scènes urbaines apparemment authentiques se révèlent alors être des situations fictives – des scènes  sur lesquelles le temps et l’espace devient insaisissable.

De même, les photographies de structures architecturales de Michlmayr  sont des constructions « Construction, 2014 ». Il peut également, par l’assemblage d’une multiplication d’images individuelles, comme par exemple des étages, il créé un nouveau bâtiment, qui n’existe pas dans la réalité, appelé « Rebuilding ».

Dans son exposition actuelle, appelée INTERVALLES, il expose quelques travaux plus anciens, qui se positionnent encore plus nettement à la frontière entre image statique (photo) et image mobile (film). Depuis quelques années, grâce à l’amélioration de la qualité optique des caméras on assiste à une inversion des protocoles de création. Auparavant la photographie alimentait la vidéo, le film, alors que désormais c’est la vidéo elle-même qui constitue l’essence de la, de sa photographie. Parmi ses créations, une photographie de la série « court métrages » de 2018, dans laquelle  Michlmayr explore à nouveau le passage de personnages sur un escalier roulant.  Ces derniers apparaissent dans Escalator VII mais de façon un peu plus floue (en mouvement) que dans la photographie initiale. 25 images natives / Sec d’une séquence vidéo ont ici été assemblées dans une seule photographie à partir d’une vidéo d’une longueur de quelques secondes. La photographie ainsi  obtenue  « le fantôme du passé » montre en condensé, quatre secondes pendant lesquelles les ruines d’un bunker de la seconde guerre mondiale sur la côte française disparaissent sous l’eau et réapparaissent au gré des vagues. A chaque stade de l’inondation le mouvement du flux et du reflux est visible sur la photographie finale. Ainsi est née l’image finale, frappante par sa qualité esthétique et graphique grâce à l’abstraction du motif et à la compression de l’espace– temps. A noter que l’image reste cependant toujours lisible de la gauche vers la droite.

Fondamentalement, les travaux de Michael Michlmayr traitent du rapport entre le temps et l’espace. Très souvent, il entre également une composante supplémentaire, la lumière naturelle ou artificielle. Pour le projet « le soleil devant ma fenêtre », il a photographié avec une durée d’exposition longue de 12 heures , pendant 36 jours, le paysage devant sa fenêtre et a enregistré le trajet du soleil avec ses changements de position, d’intensité et de qualité de lumière. Alors que le photographe et l’appareil photographique demeuraient au même endroit dans l’atelier, le monde extérieur était en constant mouvement. Dans la photo « 36 Jours  référence #1 » qui montre la  superposition des trajets de la lumière du soleil, on montre la compression du déroulement du temps pendant ces 36 jours. Dans « Calendrier #1 » le calendrier de ces 36 jours est visible. Michael Michlmayr revient ainsi, dans cette exposition, à ce qui l’anime depuis le début des années 2000, la notion de « séquence photographique » si chère à notre référent artistique, Duane Michals l’inventeur de « Real Dreams ».

D’après un texte de Petra Noll-Hammerstiel
et traduction de Carine Foeller.


 

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