Marc LE MENE - Chambre mentale
Il se met à son compte en 1981. Quelques photos pour Vogue et Votre Beauté ne l'empêchent pas de développer un travail personnel sur le nu et la nature morte. «Je construis des séries, comme des suites musicales ou des variations autour d'un thème», confie ce photographe plasticien qui fabrique d'abord des objets avant de les prendre en photo. Ce qu'il appelle sa «chambre mentale»: une boîte cubique à cinq pans qui reste ouverte du sixième côté afin de pouvoir y installer son appareil, un6X6 Hasselblad. Photographe en chambre, il parle de Kafka pour expliquer sa démarche: «Rien ne sert de sortir de chez soi, le monde viendra à vous, extasié, et il se transformera devant vos yeux». Ses images sont autant de fenêtres ouvertes sur le rêve et l'imagination..
Chambre mentale
Image 41xx41cm sous passe 60x70cm
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Voyageur immobile, Marc Le Mené nous livre ici, comme le ferait un grand reporter, les carnets de route de ce long périple intérieur qui l’a conduit, le conduit toujours, aux confins de son inconscient. Or ces carnets de route pourraient, paradoxalement, être les nôtres tant ces images réveillent en nous des souvenirs que l’on croyait enfouis à jamais.
Mais est-ce peut-être là, dans ces confins de l’inconscient de chacun, que réside et se partage avec une certaine universalité, les fondements même de notre propre culture ?
Qu'en est-il de la série "La chambre mentale" de Marc Le Mené? Convaincu de l'existence d'images mentales – images enfouies au plus profond de nous, que nous recherchons inconsciemment et que nous pouvons parfois re-visualiser - Marc Le Mené a décidé, à la suite de la lecture du livre "Voyage autour de ma chambre" de Xavier De Maistre, de s'exprimer dans une forme que nous pourrions qualifier d’extrémiste. Il a, pour cela, réalisé une maquette dans la laquelle il fait revivre, par installation de divers objets ou photographies, un certain nombre de situations, des personnes, d'images, de plans cinématographiques, j'allais dire d’histoires ou d'images mythiques, voire même personnelles, qui l'ont profondément marqué. Avec cette série, encore d’actualité à ce jour bien qu’entreprise depuis des années, Marc Le Mené reconstitue donc de façon poétique, surréaliste, via le médium photographique une exploration de sa mémoire propre en liaison avec les événements de son temps. Le coté extrême évoqué n’est toutefois pas dans le choix des événements mais plutôt dans la forme de cette mise en scène dans son propre espace matériel (espace mental?) qui induit une forme classique d'unité de lieu et de temps.
Comme l’écrit si bien François Weisman, « Marc Le Mené propose la mise en scène d'un nouvel épisode des avatars de l'Etre capté dans la boîte noire. Si Niepce trouva la clef du champ où conserver l'apparence de l'étant, Marc Le Mené prouve à l'aide d'un artefact, métaphore de la chambre noire, qu'il est possible de fixer dans le temps et l'espace l'immatérielle réalité des rêves et des cauchemars, qu'il n'est d'autre moyen pour faire ressurgir à la lumière les sensations enfouies de l'enfance que l'enfermement dans le cadre ressaisi d'une chambre au plafond de laquelle veille l'immobile ampoule de l'inconscient."
Voyageur immobile, Marc Le Mené nous livre ici, comme le ferait un grand reporter, les carnets de route de ce long périple intérieur qui l’a conduit, le conduit toujours, aux confins de son inconscient. Or ces carnets de route pourraient, paradoxalement, être les nôtres tant ces images réveillent en nous des souvenirs que l’on croyait enfouis à jamais.
Mais est-ce peut-être là, dans ces confins de l’inconscient de chacun, que réside et se partage avec une certaine universalité, les fondements même de notre propre culture ?
R.Viallon mars 2005