
Michael MICHLMAYR - Passé composé
Le panorama a toujours eu sa place dans les arts graphiques. J’aime bien cette ambiguïté ludique entretenue par ces faux panoramiques mais il est exact que cela exige un effort d’attention de la part du regardeur afin qu’il puisse découvrir la raison même de cette image, son sens véritable, et finalement mon intention ou ma supercherie... Contrairement au vrai panoramique qui en général se perçoit immédiatement dans sa globalité mon travail se découvre lentement, subtilement, par le petit détail qui, répété, fait sens. J’invite donc les regardeurs, voire les sceptiques ou les blasés, à se rapprocher... pour me questionner.
Extrait de Un instant d’égarement, entretien avec MICHAEL MICHLMAYR, par Raymond Viallon, paru dans la revue Bibliothèques n°33, juillet 2007


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Passé composé
60x80 cm ou 80x80 cm ou 80x130
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Après l’exposition “Passages” au temps présent, présentée dans le cadre de “Résonance” - à la Biennale d’Art Contemporain de Lyon - il y a quelques années Michael MICHLMAYR revient avec de nouveaux travaux dont certains réalisés cette année. Comme par le passé Michael Michlmayr organise, assemble en une seule photographie des images réalisées en des temps différents. Ce travail est donc toujours porteur de cette notion de temps, de séquences, comme dans la série des “Fenêtres”, des “gratte-ciels”ou des “escaliers automatiques”.
Pour la série “des fenêtres, qu’elles soient photographiées de nuit (les chambres) ou de jour (les tranches de vie) il assemble plusieurs vues d’une même fenêtre et crée ainsi un inventaire du temps, de la vie des occupants en une seule photographie. La fenêtre est donc devenue immeuble, la vie qu’elle évoque nous interroge et nous permet parfois, dans certaine d’entre elles, de retrouver l’artiste lui-même... Sorte de miroir pour Michael Michlmayr qui “habite” de plus en plus souvent ses propres photographies. Il affirme ainsi sa perception du temps qui passe et sa participation photographique et artistique à cette contemporanéité.
Texte de Rémy MATHIEU extrait de la plaquette "Passé composé"
Au premier regard, si celui-ci est un peu distrait, les photographies de Michael Michlmayr peuvent paraître plutôt « ordinaires ». Mais si l’on s’attarde un peu, une multitude de petits indices viennent titiller notre rétine, comme pour nous rappeler que si la photographie est liée au réel, elle n’en est pas une représentation absolue mais bien une interprétation, comme pour nous rappeler aussi que la photographie est liée au temps, celui de l’auteur et celui du spectateur.
Sur ce qui nous apparaît comme une façade d’immeuble, on constate d’étranges similitudes, des détails récurrents qui reviennent comme des motifs de papier peint, comme si le réel était pris en flagrant délit de soubresauts. En fait, le travail de Michael Michlmayr est fortement lié à la notion de séquence photographique, ensemble d’images généralement narratif. Mais au lieu de présenter ses images de façon linéaire et distincte comme a pu le faire Duane Michals par exemple dans les années ’70, Michael, lui, les rassemble en une seule. Ainsi, l’image de la façade d’immeuble composée de plusieurs fenêtres présente en fait plusieurs fois la même fenêtre vue à des moments différents, et accolées les unes à coté des autres afin de créer l'illusion d'une façade d'immeuble. Michael agit donc comme un bâtisseur en empilant soigneusement ses images, comme le maçon empile des briques pour former un mur. Pour cela il utilise les outils que l’évolution du médium permet aujourd’hui plus aisément.
La série des « fenêtres » est basée sur la frontalité, sans doute pour des raisons pratiques. Et cette frontalité rapproche ce travail, d’un point de vue formel, de celui de « l’école de Düsseldorf ». Mais, petit à petit, il s’en éloigne de ce nouveau réalisme allemand . Tout en conservant la même procédure, il insère des éléments de perspective improbable, insidieusement dans la série des escaliers et escalators, mais de façon plus affirmée dans les séries « Skyline » et dans les paysages nocturnes.
Le travail de Michael Michlmayr n’a donc pas la rigidité de l’objectivité que l’on pourrait lui prêter. C’est aussi un travail plein de nuances et de subjectivité dans lequel l’auteur s’implique physiquement de plus en plus souvent, donnant ainsi une dimension auto biographique ou plutôt auto fictionnelle. Il se met lui-même en scène, discrètement, comme Alfred Hitchcock dans ses films, en se fondant dans une foule ou en apparaissant simplement à une fenêtre, apportant ainsi un peu plus d’humanité.
En constante évolution, dans une recherche de nouvelles visions, de nouvelles interprétations du réel, par petites touches, Michael Michlmayr chemine et évolue dans sa création, dans une contemporanéité réelle et assumée.