Jean-Baptiste CARHAIX - Paramentique Sacrilege

Mes travaux photographiques depuis 1981, imprégnés de la représentation de la Mort attestaient de mon sérieux… sens de l’humour, un humour macabre ! Dans la série The Sisters of Perpetual Indulgence (1981-1983 : reportages / 1983-1993 : mises en scène) j’abordais la relation d’Eros et Thanatos au temps du Sida. Dans la série Danses macabres, Trophées et autres Vanités (1992-1993) je brodais des variations sur des crânes et des squelettes et parfois je dansais avec un squelette ou bien allongé par terre, j’étais veillé par le même… comme autant de postures apotropaïques.
En 2009, j’exposais la série Couleurs de la Mort, Poétique de Barbie et Mickey Business. En cette même année et suite aux travaux antérieurs, je délègue à des enfants entre 3 et 12 ans, l’audace et le plaisir de « faire la nique à la Mort » devant mon objectif.



 
50x70 cm

Mots-clé associés
portrait, baroque, dérision, fiction, illusion, pamphlet, représentation, tissu, religion






 



PARAMENTIQUE SACRILÈGE
Il faut être folle pour s'habiller comme ça !

La "paramentique" est l'ensemble textile destiné à vêtir les fonctionnaires du dieu catholique pour les cultes ainsi qu'à décorer les autels. Cet ensemble est composé de riches étoffes brodées d'or ou d'argent, parfois de fils de couleurs. Le vestiaire liturgique est extravagant, luxueux la plupart du temps, moins depuis Vatican II, sans compter sur les accessoires en métaux précieux destinés à servir la messe ! La prêtrise se complaît et se ridiculise, en paradant devant les humbles fidèles qu'il faut méduser, loin des enseignements des évangiles dont elle se proclame !
Pour moi, ces amples chasubles et autres chapes brodées n'ont rien de viril. C'est ce qui me fait dire que les curés et autres prélats sont des "queers", dont beaucoup ne s'ignorent pas (cf. Sodoma, de Frédéric Martel) !
Et je m'y connais en vestiaire et postures "queer" : entre 1979 et 1996, j'ai photographié The Sisters of Perpetual Indulgence de San-Francisco. Je n'irais nullement reprocher à ces formidables militants de se travestir, en l'assumant, en "nonnes" iconoclastes pour se moquer de l'engeance catholique, au contraire. Œuvres d'art vivantes j'en ai fait des œuvres d'art photographique - je l'espère et certains le pensent dont mes galeristes, mes collectionneurs, mes amis fidèles qui me soutiennent depuis des années.
J'ai donc le plus grand respect pour mes queers san-franciscains mais je n'ai aucun respect pour les curés et autres prélats qui répandent le Mal en se proclamant du Bien, et ce, en d'ambigüs habits de gala... Une religion de travestis qui s'habillent en femmes tout en ne les aimant pas au point de les écarter du sacerdoce et de n'en adorer qu'une, vierge évidemment.
Fellini en son temps les avait caricaturés en un défilé de mode ecclésiastique dans son film Roma. Aussi j'ai un jour pensé rendre à César ce qui devrait lui appartenir et j'ai commencé à revêtir des femmes et des jeunes filles amies de chasubles et d'autres chapes somptueuses pour les photographier dans des poses de saintes ou de mystiques telles que l'iconographie baroque les représente : la paramentique est cousue et brodée pour elles ! Elle renforce leur beauté alors qu'elle ridiculise les curés !
Dans le film Jeanne, le récent chef-d'œuvre de Bruno Dumont, une clique d'inquisiteurs outrageusement travestis reprochent à Jeanne d'Arc de s'être habillée en homme : sacrilège ! La messe était dite : allez, au bûcher, l'hérétique... AMEN...

Jean-Baptiste Carhaix, novembre 2019.

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