Bénédicte REVERCHON - Images improbables / Orographies

Après sa participation à l’exposition collective “Découvrir-Confirmer” dédiée à la découverte de jeunes artistes vivant et travaillant dans la région Rhône-Alpes Bénédicte REVERCHON avait réalisé et présenté en exposition monographique, “Les lumières de la ville” où elle avait associé pour la première fois un travail de photographie et de dessin. Le succès de cette production a été confirmé lors des présentations à Arles, Clermont-Ferrand et plus récemment à Quimper. Elle est depuis représentée par la galerie Vrais Rêves.



 
Technique
Photographie et technique mixte (dessin grattage et instabilité)
Texte
CV-Resume
reverchon.benedicte.free.fr
Autres séries
Images improbables
Diptyque 2 fois 33 x 33cm
A gauche multiple /5
A droite Matrice UNIQUE

Mots-clé associés
portrait, disparition, matière, texture






 

 

Tout commence en 2011.
Les images présentées n’existaient pas et n’auraient d’ailleurs jamais dû exister. Mais voilà, un concours de circonstances, certains appelleront cela du hasard ou encore un accident de parcours, en a décidé autrement. Elles se sont formées, pour disparaître presque instantanément. Et pour tout dire je n’ai pas vu grand-chose, mais j’étais là. Tout s’est passé tellement vite. La prise des clichés a figé des images improbables, en tout cas imprévues.

Capture aveugle, matérialisation d’une image impossible.
Le temps et l’espace se sont pour ainsi dire comprimés. Dans le même temps, l’image s’est fragmentée, figeant dans ce temps fugitif différents instants. La photographie est devenue une concentration d’informations réorganisant des lieux, des êtres et du temps.
Ne pas être en réaction, laisser les choses se décanter, le temps qu’il faut pour réapparaître et se révéler, prémices à un dialogue.

Extrait du texte "Images improbables" de Bénédicte Reverchon



Orographies


Dans ce road movie physiquement immobile - road still frame - où il s’agit de la retenue des traces sur les fixes, on ne rencontre personne, seulement les restes de l’homme dont la disparition hante les paysages...

Ou alors l’homme s’en abstrait totalement pour le rendre à lui-même, paysage grand classique des rythmes visuels, pris sous un nouvel angle imaginaire pour le rendre presque à lui-même...

Presque... Presque tel quel car sur la photo, piège de la lumière, s’exerce un travail de couverture et de graphie personnelle, se surimposant et exposant les failles, les fractures, sujettes des tremblements de frontière tectonique, dégradant l’image pure, la manipulant par toutes formes de procédés secrets et intimes qui restent d’alchimie non délivrée et non révélée d’alcôve d’âme.

(...) Oui, la lumière de cet instant T subira le passage du temps, de série en série de décomposition recomposition, fragmentation défragmentation dans toutes les modalités de la série américaine, du moins au plus, de la reconnaissance jusqu’au questionnement, pour ne plus exister qu’en transparence adhésive sur des calques, d’autres couches ou des murs d’application que la nouvelle lumière détériorera encore et encore, qu’elles soient naturelles ou artificielles, les photos faisant leur œuvre de passage, emportant dans leur souvenir intime une particule d’encre, autre souvenir de lumière...

Surtout dans sa raréfaction.

Jeux de lumière et d’encre, pour que lumière et encre ne restent plus qu’en principe, ne se reposant sur aucun fixateur définitif, transience* instaurée, livrée à disparition, à restes fantomatiques où se confie l’âme et l’imagination, encre comme support sessile, spongiaire filtrant l’imaginaire sur des paysages narratifs figuratifs devenus abstraits, où figuratifs et abstraits collaborent, symbiose de corail entre l’animal et le végétal, jusqu’à être totalement détachés de leur origine...

(...) Reste le Grand Trouble, le Grand Inconnu qui n’est plus à portée d’oeil et que le maniérisme du cerveau, toujours poussé biologiquement structuré à chercher une ressemblance dans les images de nuages, s’acharne à dissoudre.

Non, avec un peu de chance rien ne sera résolu, rien ne sera reconnu, rien ne sera interprété et tout restera en harmonie à la lisière du sens et du non-sens...

(...) L’intermédiaire encré subira les mêmes agissements, frappé d’œil et de lumière, à chaque fois une particule s’arrachera... Oui chaque fois, chaque coup d’œil et de lumière l’estomperont.(...)

Et cette dernière est bien (…)


D’après du texte "Orographies"  de Tao No Wan

*transience : terme anglais pouvant être traduit par caractère transitoire.
 

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