Bénédicte REVERCHON - 2005 - "Les lumières de la ville" - Retour dans le Surrey
Après sa participation à l’exposition collective “Découvrir-Confirmer” dédiée à la découverte de jeunes artistes vivant et travaillant dans la région Rhône-Alpes Bénédicte REVERCHON avait réalisé et présenté en exposition monographique, “Les lumières de la ville” où elle avait associé pour la première fois un travail de photographie et de dessin. Le succès de cette production a été confirmé lors des présentations à Arles, Clermont-Ferrand et plus récemment à Quimper. Elle est depuis représentée par la galerie Vrais Rêves.
Retour dans le Surrey - série foncé
chaque photographie en 24x36cm contrecollée sur aluminium
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Après une première participation à l'exposition collective "A découvrir, à confirmer" à la galerie, Bénédicte Reverchon a été invitée en 2006 à présenter la série "Les lumières de la ville". Elle réunissait pour la première fois dans une exposition personnelle ses deux modes de création et d'expression, la photographie et le dessin. La série "Les lumières de la ville" est le résultat d'une technique mixte de dessin sur photographie et chaque image est unique. Malgré l'apparence "Retour dans le Surrey" est strictement photographique et donc reproductible alors les "formes d'extension" et les "double pages" sont uniquement dessinées, donc uniques.
Après la série des Radios actives à partir de la centrale nucléaire de Bugey, Les lumières de la ville avec ses pylônes électriques se sont peu à peu imposées comme le lien entre la source qu’était la centrale et les lieux de vie. Il y a d’abord eu une série de petits dessins, une sorte de galerie de « portraits », pour faire connaissance. C’était le début d’une nouvelle histoire, une nouvelle exploration. Les pylônes, ces constructions sans valeur esthétique, ces squelettes ne développant autour d’eux aucune activité humaine et posés, là, parcourent le territoire. Ils se propagent par delà les vastes étendues, les collines et les vallées, en chaîne car seuls ils ne peuvent rien. Ils traversent.
Ces espaces du territoire ne sont pas regardables en tant que paysage, ils lui appartiennent mais n’en sont pas. Comme il existe des no man’s land, les champs de pylônes sont des espaces parasites. Le fil électrique qui est toujours là pour gâcher la photo. Au contact de ces structures métalliques, le paysage perd sa qualité esthétique pour devenir un espace parasité alors dépourvu d’intérêt.
Il faudrait le rayer de la carte.
Alors je suis allée à leur rencontre. Leur présence, imposante, les transforme en géants. Les fils les prolongent au-delà du cadre de l’appareil photo et renforcent l’idée du hors-champ. De retour à l’atelier, ces photographies commencent une nouvelle vie. Elles ne sont pas des documents, car elles n’ont pas besoin d’attester de la réalité, chacun de nous connaît ces lieux, les a traversés et les a vus sans les regarder. Je les ai juste extraites de leur milieu naturel, elles doivent maintenant trouver leur sens.
Une fine trame déposée sur le tirage vient perturber la lisibilité. Ce tracé mécanique, laisse une place à l’aléatoire, au rythme de la main, de l’encre et de la respiration. Il devient du temps autant que de l’espace, à l’image d’une partition avec ses notes mais aussi et peut-être surtout ses silences.
Le dessin a cette valeur de respiration, un espace de temps où la projection mentale peut tester les limites du geste mais aussi une forme de résistance au cheminement, un dépôt qui, à l’image des strates géologiques, prend sa densité et son sens dans la durée. Curieusement, ce travail sur la durée et dans la lenteur a quelque chose d’envoûtant et se distingue complètement de la notion de patience. Il faut juste que les choses montent, une sorte d’improvisation sur un thème. Peut-être n’est-ce pas un hasard alors si je sens de plus en plus une filiation avec la musique. Phil Glass et la musique répétitive, les recherches électro-acoustiques de Luc Ferrari ou Nils Petter Molvaer et plus récemment la découverte des quatuors à cordes d’Henrick Goreski. Un sentiment d’être en résonance.
Quoiqu’il en soit, l’exploration poursuit son chemin. Il y a le temps de la photographie permettant cet indispensable ancrage dans la réalité et l’extrapolation par le dessin qui permet une inscription directe de l’idée en rapport à la maîtrise même du processus créatif. Le dessin s’inscrit comme un point de passage entre deux étapes photographiques, dessin et photographie se construisent et se déconstruisent en même temps, l’un prenant à l’autre tout en lui imprimant sa trace dès lors il me semble qu’une nouvelle strate a été posée et qu’une nouvelle porte s’ouvre dans cette conversation directe que je tends à créer entre les deux médiums, la photo-graphie.