Willy DEL ZOPPO - BURNING MEMORY

Willy Del Zoppo vit et travaille à Liège (B).
Passionné par la photographie il collabore entre autres avec des photographes de la région Nord-Pas de Calais et particulièrement avec le groupe Hélio de Tourcoing où nous avons eu la chance de le rencontrer et d’apprécier l’homme et son travail. Nous avons souhaité favoriser la rencontre de cet artiste avec le public lyonnais. Cette nouvelle exposition à la galerie le permettra encore ....



 
BURNING MEMORY






 

BURNING MEMORY
Devoir de mémoire

Ad memoriam Paul Sobol (26/06/1926-17/11/2020)


Je me suis rendu à dix reprises avec des élèves à Auschwitz–Birkenau et y ai réalisé à chaque fois une série de photographies. Ces visites ont été complétées par des lectures et des réflexions approfondies sur la Shoah. Parallèlement, j’ai mené une réflexion sur ce qu’il est coutume d’appeler « le devoir de mémoire ». « Burning Memory » en est l’avatar photographique.

Tout d’abord, la Shoah reste une thématique brûlante dans l’histoire de la société contemporaine. Après les camps d’extermination de 40-45, comme l’ont montré nombre d’historiens et de penseurs, l’humanité a connu une mutation existentielle et philosophique. L’inconscient collectif a été marqué au fer rouge par les meurtres de masse industriellement perpétrés par les nazis. Dans le contexte particulièrement mortifère de la deuxième guerre mondiale, Auschwitz-Birkenau, dans une volonté génocidaire farouche, a coûté la vie à près d’un 1.600.000 Juifs. A quoi il faut encore ajouter un nombre considérable de Tziganes, de résistants, d’homosexuels, de Russes, de Témoins de Jehova.

 

Le dosier de Presse est ICI

 



Ensuite, « Burning Memory » évoque également cette idée que la mémoire de la Shoah se consume peu à peu, malgré tous les efforts des centres et des personnes dédiées à la réanimation de ces faits qui remontent à plus de soixante ans. Peut-on ad vitam aeternam contrecarrer la dissipation de la mémoire quand l’écoulement du temps, l’urgence du présent, les nouvelles crises en atténuent les contours ? Faut-il y ajouter le travail de sape des négationnistes et des nouveaux extrémistes qui, en dépit de toutes les preuves accumulées, tentent de réfuter ce qui FÛT ?

Par ailleurs, « Burning Memory » montre également l’urgence de continuer ce combat du souvenir pour nourrir les générations futures des valeurs qui fondent la démocratie. Sans des actions adéquates, les réminiscences finiront en cendres indéchiffrables.

De plus, « Burning Memory » intègre la stratégie de liquidation mise en œuvre dans la Shoah au cœur de sa conception et de sa réalisation puisqu’il s’agit, pour rendre compte d’une mémoire évanescente, d’utiliser le feu par quoi les cadavres étaient réduits en cendres dans les crématoires des camps.

Enfin, « Burning Memory » double cette production consacrée à Auschwitz-Birkenau de considérations contemporaines sur l’image photographique. Que devient-elle dans ce monde numérique où le quidam prend des photos dont la permanence est loin d’être assurée ? Où sont passés les albums de famille et les tirages papier qui constituent leur mémoire tangible et servent de vecteurs de transmission des valeurs de toute une société ? Si la photographie imprimée n’est pas livrée au feu, elle s’éteint par négligence, souci d’économie et incurie. L’autobiographie photographique quotidienne devient désormais un ensemble de données digitales trop fragiles pour traverser les décennies.

A propos de sa création « Burning Memory » est une œuvre de photographie plasticienne qui a été réalisée en plusieurs étapes. Il y a d’abord eu les prises de vues étalées sur les quinze ans où je me suis rendu à Auschwitz-Birkenau. Puis j’ai réalisé des tirages au format 8,5 x 13 cm qui ont été soumis à l’épreuve du feu, sans que le processus soit vraiment contrôlable. Ensuite, les reliques et leurs cendres ont été collées sur une feuille de papier dessin épais. Cette étape a été réalisée de
manière aléatoire, sans souci particulier pour l’esthétique, afin de rendre compte du côté hasardeux de la survie à Auschwitz-Birkenau. La surface blanche de la feuille constitue le symbole d’une mémoire que viennent maculer les cendres liées au processus de disparition. Ensuite, le tout a été recouvert d’un vernis en aérosol.

Willy del ZOPPO 2022

 

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