Valérie LEGEMBRE - série EXEO2

 

Après plusieurs expositions collectives hors les murs, c’est la première exposition personnelle de cette artiste à Vrais Rêves. Valérie Legembre façonne le matériau photographique à la manière d’un sculpteur, où elle met en forme, en volume, ses Peaux-de-photos©. Quant aux “puces”, l’une de ses dernières séries, provenant d’une intervention en milieu industriel, chez STMicroelectronics de Grenoble, Valérie Legembre en explore les limites, celles de l’infiniment petit ...
Cette exposition est réalisée par Valérie Legembre en partenariat avec BLUX concepteur scénogaphe installé à Grenoble. Nous tenons à les remercier et les féliciter pour leur remarquable travail !!

 



 
Technique
technique mixte photographique
Texte
CV-Resume
www.legembre.com
Autres séries
Exeo2
90x90 cm contrecollée sur Dibond

Mots-clé associés
couleur, abstrait, matière, texture, argentique, imaginaire, main, photo-montage, technique.mixte






 

Il s’agit de la deuxième exposition de cette artiste à la galerie. Lors de la première présentation de son travail «La puce à l’oreille» (voir Inforêves N° 73 de mai 2008) vous aviez pu apprécier son travail minutieux, novateur et étonnant en liaison avec l’infiniment petit. Invitée pour une résidence de 12 mois dans différents laboratoires de recherche du CEA de la région grenobloise Valérie Legembre restitue dans cette exposition ses expériences, ses échanges et ses observations sous une forme évidemment très personnelle...



Enfermer Valérie Legembre dans une catégorie serait une grave erreur. En effet, suivant les pièces que vous pourriez croiser vous seriez sans cesse amenés à reconsidérer son statut. Le seul qui me semble convenir dans tous les cas de figure serait celui « d’artiste plasticienne ». En plus de trente ans, j’ai croisé de nombreux photographes et artistes utilisant la photographie. Or je peux affirmer que Valérie Legembre est l’une des personnes qui m’a le plus étonné. La raison est en fait logique puisque Valérie pervertit positivement et avec talent tout ce qu’elle touche…
La photographie généralement plane ne l’est plus obligatoirement dans ses oeuvres. Est-elle carrée ou rectangulaire ? La sienne ne l’est pas toujours. Est-elle couchée sur un support papier pour être manipulée ? Elle l’est parfois mais c’est très rare. Alors direz-vous est-elle photographe ? Utilise t-elle la photographie ? Il suffit de s’attarder un peu plus sur ses œuvres pour constater qu’elle est vraiment photographe et qu’elle utilise de façon intelligente ce medium pour atteindre son objectif, celui d’une recherche approfondie des particularités spécifiques de ce medium et de ses limites. L’image d’une réalité est bien présente dans ses œuvres mais ce résultat, ce constat, n’est pas, pour elle, le seul but à atteindre. L’image est évidemment indispensable mais pas suffisante pour la satisfaire. Il lui manque un élément, essentiel à ses yeux, que l’on voit d’ailleurs annoncer de partout depuis des années dans le monde de l’image animée, du cinéma, de la télévision : la recherche de la 3ème dimension afin de définir virtuellement le volume. Or la recherche du relief et du volume dans l’image n’est pas une idée récente si l’on considère que la stéréoscopie est pratiquement née en même temps que la photographie… et que l’hologramme a vu le jour grâce aux rayons laser au début des années 60.
Très intéressée par toutes ces notions, Valérie Legembre a approché l’image non pas en scientifique, bien que cette approche la passionne , mais en qualité d’artiste plasticienne afin d’atteindre plus concrètement son but. Or l’image photographique argentique n’est en fait qu’une très fine couche translucide insérée entre un support et des gélatines assurant sa protection, une sorte de « Peaux-de-Photos ® » de quelques microns d’épaisseur.  Ces « Peaux-de-Photos » Valérie Legembre les a très tôt extraites, superposées, formées, modelées et découpées afin de restituer en finalité une image avec une apparence et un volume souhaités. Elles peuvent donc apparaître concrètement – et non virtuellement - par transparence et en volume comme dans la série « Scultos ». A signaler aussi que ces « Peaux-de-Photos » - ces fines images translucides – peuvent aussi se décliner, par tirage, et afin de boucler le processus, en « Photos-Peaux® » … 

Valérie Legembre aurait pu se contenter de ces découvertes et exploiter longuement son art mais, tout comme certains autres et rares artistes – comme Tom Drahos qui dans les années 80 a mis en poudre et en bocaux ses « Cibachrome » afin d’en extraire l’essence même de la photographie – elle poursuit sans cesse ses recherches afin de tenter d’atteindre les limites de ce medium.

Ses dernières créations effectuées dans le cadre d’EXEO² l’ont conduite à développer dans la série « Découpli » le coté sculptural de ses créations par le découpage et le pliage de photographies papier. La sculpture obtenue devient objet, installation. Valérie Legembre par ce subterfuge re-crée un référent intermédiaire afin de pouvoir, ensuite, après éclairage le re-visiter photographiquement dans le but d’en décliner de nouvelles « Peaux-de-Photos ». Ces dernières pouvant soit s’intégrer directement sur le référent, soit encore être placées en perspective de ce référent dans le cadre d’une exposition. Autre recherche étonnante celle de la série des « Focomat ». La matière photographique - gélatine aux couleurs vives - est tout d’abord hachée en morceaux de dimensions différentes puis immergée dans une cuvette d’eau. Au moment du filtrage les gélatines, sous l’action de l’écoulement, se déposent et se disposent sur le filtre. L’agglomérat obtenu, après séchage, permet l’obtention d’une « Peau-de-Photos » hybride et colorée où l’aléatoire a participé allègrement à sa création, à moins que l’on ne puisse scientifiquement évoquer la théorie des fluides créateurs… Cette démarche, à savoir la transformation de l’image en agglomérat rappelle incontestablement celle de Tom Drahos évoquées ci-dessus qui transformait ses photographies en bocaux de poudre.   
Passionnée, curieuse et attentive Valérie Legembre sait adapter sa création aux sujets qu’elle traite. Qu’elle soit dans un laboratoire de recherche, dans une entreprise de production de composants électroniques, ou dans un centre urbain elle sait voir, reconnaître et capter les particularités de la situation afin de les décliner par la suite de façon originale. C’est donc bien au départ un travail de photographe qu’elle assure. Seule la forme de son travail la distingue finalement des autres artistes photographes. Formes surprenantes souvent que l’on ne peut qu’apprécier car elles permettent de sortir des sentiers battus, de faire voir et ressentir autrement les sujets qu’elle traite. Valérie Legembre permet ainsi de diversifier les modes de présentation et de rompre avec la monotonie que l’on constate trop souvent dans les expositions.
Je me souviens de la première rencontre, à la galerie, avec Valérie et de l’intérêt qu’elle avait su éveiller en nous. Intérêt confirmé, après réflexion, qui nous avait conduit quelques semaines plus tard à l’intégrer dans une exposition collective que nous organisions. C’était notre découverte du moment, souhaitons qu’un jour prochain ce soit encore la vôtre !
 

Extrait de la préface du catalogue EXEO²

En parallèle une exposition des oeuvres de Valérie LEGEMBRE sera présentée au Centre Hospitalier Saint Joseph Saint Luc du 12 février au 29 mars 2013. Cette exposition fera suite à une résidence dans cette institution hospitalière de Lyon.
 

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