Philippe CALANDRE - IN PERCEPTIVO de Philippe CALANDRE
L'artiste français Philippe CALANDRE imbrique et recompose des panoramas d'architecture monumentale issus d'un imaginaire métaphorique. Chaque oeuvre photographique met en scène un paysage industriel ou urbain qui s'affirme avec étrangeté, révélant ainsi leur identité utopique. L'homme a construit ceci, mais en est bizarrement absent. Les sites industriels semblent désertés alors que les cheminées crachent encore leur fumées. Ces vestiges d'archéologie contemporaine ne sont plus que des sanctuaires mémoriels, plus aucune trace d'activité ne subsiste, sinon celle d'un espace temps où laisser vagabonder son esprit.
Auteur réputé, Philippe Calandre a travaillé auprès de Damien Hirst. Ses oeuvres ont été exposées à la FIAC et apparaissent dans de nombreuses collections privées ou publiques et récemment dans la Fondation de l’architecte Jean-Michel Wilmotte.
IN PERCEPTIVO de Philippe CALANDRE
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C’est sur une exoterre baptisée Kepler 452b que Philippe Calandre a situé quelques-unes de ses dernières compositions architecturales. Celles-ci forment des utopies : des non lieux, des nulle part au sens premier du terme. Et pourtant ces chimères procèdent de fragments prélevés au réel.
IN PERCEPTIVO
À 1400 années-lumière de notre Terre, dans la constellation du Cygne, le télescope spatial de la Nasa a récemment détecté une planète tellurique dont les calculs confirmant son existence ont établi qu’elle tournait autour de son soleil à une distance qui la rendrait habitable. C’est sur cette exoterre baptisée Kepler 452b que Philippe Calandre a situé quelques-unes de ses dernières compositions architecturales. Celles-ci forment des utopies : des non lieux, des nulle part au sens premier du terme. Et pourtant ces chimères procèdent de fragments prélevés au réel.
Après avoir longtemps parcouru le globe en photographe, Philippe Calandre a décidé d’organiser désormais de grands voyages immobiles vers les terres ou les cités inconnues que révéleront ses irréprochables photomontages. Puisant ses matériaux de construction dans le stock d’images qu’il a accumulé au cours de ses pérégrinations et reportages, il élabore de très savantes combinaisons où les hybridations fonctionnent à merveille. Comme le héros des Villes invisibles d’Italo Calvino, qui spécule sur « des villes trop vraisemblables pour être vraies », il cherche à faire advenir une réalité augmentée par l’imaginaire. Sa fascination pour les architectures industrielles, dont l’esthétique découle de la nécessité pratique et de l’impératif économique, l’a conduit à concevoir d’étranges complexes usiniers. Hérissés de silos et de cheminées crachotant leurs fumées, parcourus de tuyauteries et d’escaliers inextricables, greffés de passerelles métalliques surplombant des paysages de déserts, ses sites possèdent la beauté des enfers.
Personne certainement n’aimerait se rendre avec plaisir sur ces lieux d’obscurs labeurs — ils sont d’ailleurs vides de toute présence humaine —, mais ils envoûtent par la troublante mélancolie qui s’en dégage. Porté par la liberté de création que lui inspire sa méthode, Philippe Calandre en est venu à inventer ses propres formes, et ainsi à dessiner avec la photographie. Les architectures aux développements géométriques qu’il propose dès lors, les monuments et les cités qu’il a édifiés comme des jeux de construction semblent, par la grâce de leurs structures, une manière de nous souhaiter la bienvenue sur sa planète.
Jean-Pierre Chambon