Laurent CAMUT - Qui a peur des fantômes ne sait voir la nuit

Quelque part entre l’univers du peintre Francis Bacon et celui du réalisateur David Lynch. Ses mystérieux portraits triturés, hachés ou étirés versent dans l’expressionisme photographique.
 
Né en 1968 à Warquignies, village du Borinage en Belgique., Laurent Camut vit à Bruxelles et travaille à Mons, Belgique. C’est à l’âge de vingt ans, après avoir arrêté ses études en arts plastiques qu’il s’intéresse à la photographie.

 



 
Technique
Prise de vue et impression numérique "digigraphie"
Texte
CV-Resume
Autres séries
Qui a peur des fantômes ne sait voir la nuit
30x30cm et 100x100cm

Mots-clé associés
couleur, portrait, numérique, corps, humain, matière, mouvement






 

Qui a peur des fantômes ne sait regarder la nuit…
Apprivoiser ses craintes, donner sans retenues, oublier la différence.
Et tout devient facile.
Nul besoin de grands moyens, une lampe de bureau pour sculpter les figures,
Un drap noir pour délimiter la scène et un boîtier silencieux en guise de pinceau.
La générosité et l’aisance des sujets dans ce décor les transforment en tableau vivant.
J’y viens par petites touches, respecter l’acteur, l’ambiance.
L’orchestre ne doit pas couvrir la voix du chanteur.
Maîtriser ses gestes, éviter que le flou ne déborde trop sur le trait.
Le temps s’arrête un moment.
L’odeur du café nous rappelle à la réalité, il 10h30 c’est l’heure de la pause.
Nous sortons de l’ombre comme d’une nuit agitée, un peu groggy.
Abandonnant derrière nous le théâtre à l’obscurité… et aux fantômes.



L’humain et plus précisément le portrait sont mes sujets de prédilections. Les premières images que je réalise sont imprégnées de surréalisme, mais très vite j’irais plutôt puiser mon inspiration chez les expressionnistes (Schiele, Bacon), mettant en scène le plus souvent mes amis ou encore mes parents. A vingt cinq ans, un ami, éducateur dans un centre pour personnes handicapées mentales, m’ouvre les portes de son atelier pour y faire un reportage. Et là, c’est le coup de foudre : j’ai trouvé plus que des modèles exceptionnels, des personnes d’une très grande générosité et d’une sincérité rare. Après plusieurs séances de prises de vues, je leur ai proposé des initiations photographiques. (...) Cela fait maintenant plus de douze ans que nous sommes complices. Depuis toutes ces années passées ensemble, je possède une importante galerie de portraits. Mon travail n’est pas toujours bien perçu par le public qui juge uniquement le côté dérangeant sans aller plus loin. A ceux-là, je réponds par ce proverbe chinois :

Celui qui a peur des fantômes, ne sait pas regarder la nuit ".

C’est très souvent dans la peinture que je trouve ma source d’inspiration, et dans le théâtre, pour l’éclairage et les décors. Toutes les images sont composées, nous organisons des mises en scènes et jouons la comédie. Pour la prise de vue, j’utilise autant l’argentique que le numérique, mais au final je passe toujours par la retouche numérique. Les tirages sont réalisés sur des machines utilisant des encres et des papiers garantissant une grande durée de vie des images. Je reviens parfois aussi aux tirages argentiques en utilisant la technique du négatif papier. Quand au sujet, il s’est imposé de lui même car je passe la plus part de mon temps avec ces personnes et les liens qui nous unissent me permettent d’aller aussi loin dans « l’expressionnisme. » Mon principe est que je ne photographie bien que ce que je connais bien.
Laurent Camut

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