Jean R. HIEBLER - UNSOLVED CASES (Affaires non résolues)

Né en 1965 dans le Bas-Rhin, Jean-Raymond HIEBLER débute la photographie à treize ans, par des images d’épaves de véhicules et de casses de voitures de sa région.
Travaille ensuite comme compositeur typographe et exercera ensuite divers métiers, tout en poursuivant une activité dans la photographie et les arts graphiques. Durant toute la décennie 90, il réside à Nice, se rend plusieurs fois par an à Istanbul où il réalise un travail sur les taxis collectifs de la ville. Réalise, durant la même période, une série sur la marine marchande et les ports d’Europe.
Installé à Lyon depuis le début des années 2000, il a démarré peu après un travail en studio inspiré par des faits divers anciens et par la littérature policière. Il travaille occasionnellement comme illustrateur pour l’édition.
Cette série, qui se poursuit actuellement, a fait l’objet de trois expositions dans le cadre du festival du roman policier « Quais du Polar » organisé à Lyon.
A ce jour, le casier judiciaire de Jean-Raymond HIEBLER est vierge.

 



 
Technique
Prise de vue argentique / Impression Numérique Pigmentaire
Texte
UNSOLVED CASES (Affaires non résolues)
50x70 cm

Mots-clé associés
corps, fiction, mise.en.scène, mort






 

 

Une visite virtuelle en 3D, de cette exposition,
réalisée par la société NOTORYOU

est disponible en cliquant sur le

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Le livre des morts du détective Harold S. Stiehler



Harold S. Stiehler était un inspecteur du département de police de la ville de New York.Vraisemblablement attaché au Bureau des Homicides, il y travailla du début des années 1920 au début des années 1950. Si ses talents d’enquêteur ne lui permirent pas d’accéder à la postérité, c’est un curieux objet, son œuvre personnelle, qui empêcha que son nom ne sombra dans l’oubli.
L’objet se présentait – et se présente encore - sous la forme d’une sorte de classeur de bonnes dimensions, épais d’une quinzaine de centimètres, et constitué de feuilles de papier fort, blanc sans doute originellement, mais qui avait viré au cours du temps en une couleur qu’un observateur avait qualifiée de « brun momie ». La couverture est aujourd’hui manquante, les bords inférieurs des pages sont usés, conséquence de fréquentes manipulations.
Ce qui apparaît immédiatement est une page dactylographiée, faisant office d’avant-propos et portant en pied la signature «Le livre des morts du détective Stiehler» de Harold S. Stiehler. Le texte est un éloge, très conventionnel pour l’époque des « représentants de la Loi », un appel au public à coopérer pleinement avec ceux-ci dans leur mission de « protection des vies et de la propriété privée ». Précédant la signature, un avertissement : « Please handle this book with respect ».
La suite est une longue plongée dans l’horreur. Ce qui fut surnommé par les policiers du NYPD « Livre des Morts » rassemble des centaines de tirages photographiques grand format, traitant tous d’un même sujet : la mort violente.
Les images provenaient de diverses sources : tirages demandés à des laboratoires de police scientifque, affaires sur lesquelles il travailla directement, exemplaires récupérés auprès de confrères de tout le pays.

On y trouve des traces d’affaires qui défrayèrent la chronique, dont celle du torse de femme découvert dans une chambre froide du « Meatpack District » et qui alimenta la légende urbaine selon laquelle les frankfurters des marchands ambulants du Lower East Side étaient farcis de la chair des victimes de gangs criminels.
Plusieurs éléments interpellent à la consultation du cahier : le soin maniaque apporté à la collection associé à un manque de cohérence dans la distribution des images. On n’y relève ni respect de la chronologie des affaires, ni classement géographique ou par type d’homicide. Les images sont collées dans l’ordre où sans doute elles se présentèrent à l’inspecteur. Les légendes sont dactylographiées ou manuscrites, parfois de façon purement factuelles, parfois agrémentées de commentaires personnels d’un goût douteux.
Si certains policiers étaient souvent marqués durablement par des visions d’horreur rencontrées dans leur pratique, ce n’était pas le cas de l’inspecteur Stiehler, capable de commenter un match de base-ball au-dessus d’un corps éviscéré.
Ce qui l’obséda tout au long de sa carrière, c’étaient ces affaires irrésolues et qui terminaient classées et oubliées. Selon son dossier personnel, Stiehler était luthérien mais, selon ses collègues, il avait développé une croyance personnelle en la métempsychose. Il était intimement persuadé que les âmes des personnes assassinées ne pouvaient s’incarner de nouveau tant que justice ne leur ait été rendue.
Harold S. Stiehler décéda d’une rupture d’anévrisme à son bureau le 18 juin 1953. Quelques heures plus tard, Julius et Ethel Rosenberg étaient exécutés au pénitencier de Sing-Sing. Durant plusieurs années, ses collègues le relayèrent pour continuer à alimenter son livre jusqu’à ce qu’il termine, oublié, au fond d’une armoire.
Jean R. HIEBLER 01/2018

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