Cesare Di_LIBORIO - Au coeur de la matrice
Cesare Di Liborio vit et travaille dans la région de Reggio Emilia. Cesare est resté relativement discret pendant des années dans l'ombre protectrice, encourageante et amicale de Vasco ASCOLINI . Aujourd'hui il est devenu le "Maestro", celui que l'on respecte, que l'on admire. Bonne chance Cesare !
Au coeur de la matrice + Hommage à la Madonna
passe-partout de 20x25 cm
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Vers un néo-pictorialisme ?
En ce premier quart de 21° siècle, la photographie contemporaine trouve ces fondements dans les aspects documentaires de notre monde, dans ses composantes sociales, politiques, environnementales, …
Le travail photographique de Cesario Di Liborio ne s’inscrit pas dans ce champ-là, bien au contraire. Loin d’une vision liée au réel, son travail est en prise sur une esthétique liée au médium photographique lui-même. Il ne nous parle pas du monde qui nous entoure, mais de son monde à lui, fait de répétitions, de labeur et d’obsessions. Le sujet de ses images, quand il y en a un, n’est que pur prétexte, une occasion de création, un champ d’investigations et de recherches. Ainsi, les séries des Icons se déclinent chacune en neuf images, non seulement issues du même sujet, mais du même négatif ; comme neuf interprétations différentes d’une même partition visuelle, comme neuf variations d’une composition musicale. Les séries Super Naturel et Wonder Women suivent un protocole similaire.
C’est la technique du mordançage, technique physico-chimique issue de l’industrie textile, qui permet à Cesario ces variations quasi infinies, en travaillant la matière de l’émulsion photographique, en triturant la gélatine, la malaxant, la teintant, la colorant. Il obtient ainsi des images uniques qui portent toutes une part d’aléatoire et de hasard malgré des années d’apprentissage et de travail laborieux.
Dans la série les Âmes errantes, le sujet est tellement peu important qu’il n’existe plus. Ce sont des images photographiques sans relation au réel. Il s’agit en fait d’une pure création de laboratoire, juste l’action de la chimie photographique sur un papier sensibilisé. La lumière elle-même n’est qu’accessoire dans le processus. Là aussi l’aléatoire et le hasard ont toute leur place dans la genèse de ces fantômes venus de nulle part pour investir à jamais l’espace de quelques images.
S’il fallait catégoriser le travail de Cesario Di Liborio, on pourrait parler de photographie plastique, comme on parle des arts plastiques d’une façon générale, on pourrait même utiliser le terme de photographie plasticienne si Dominique Baquet[1] n’en avait donné une définition quelque peu différente.
« Un mouvement nouveau entraîne les photographes hors et à rebours des voies où ils avaient coutume de cheminer jusqu'ici. » écrivait Robert de la Sizeranne [2] à propos du pictorialisme à la charnière des 19° et 20° siècles. Cette phrase s’adapte bien au cas présent. On pourrait alors parler d’un néo-pictorialisme. Il faudrait cependant faire abstraction de l’idée largement souscrite que dans ce mouvement l’art photographique doit simuler la peinture et/ou la gravure, ce qui n’est pas le cas non plus. Alors, il reste à chacun d’apprécier les œuvres de Césario Di Liborio pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire, des petits bijoux, précieux et raffiné par lesquelles on peut se faire submerger dans un plaisir infini.
[1] La photographie plasticienne, Dominique Baqué, éditions du Regard, 1998
[2] La photographie est-elle un art ? Robert de la Sizeranne, édition Hachette & Cie, 1899.